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Charles Aznavour (тексты песен)

À MA FILLE

Je sais qu'un jour viendra
Car la vie le commande
Ce jour que j'appréhende
Ou tu nous quitteras
Je sais qu'un jour viendra
Ou triste et solitaire
En soutenant ta mère
Et en traînant mes pas
Je rentrerai chez nous
Dans un chez nous désert
Je rentrerai chez nous
Où tu ne seras pas

Toi tu ne verras rien des choses de mon coeur
Tes yeux seront crevés de joie et de bonheur
Et j'aurai un rictus que tu ne connais pas
Qui semble être un sourire ému mais ne l'est pas
En taisant ma douleur à ton bras fièrement
Je guiderai tes pas quoi que j'en pense ou dise
Dans le recueillement d'une paisible église
Pour aller te donner à l'homme de ton choix
Qui te dévêtira du nom qui est le nôtre
Pour t'en donner un autre que je ne connais pas

Je sais qu'un jour viendra,
Tu atteindras cet âge
Ou l'on force les cages
Ayant trouvé sa voie
Je sais qu'un jour viendra
L'âge t'aura fleurie
Et l'aube de ta vie
Ailleurs se lèvera
Et seul avec ta mère
Le jour comme la nuit
L'été comme l'hiver
Nous aurons un peu froid

Et lui qui ne sais rien du mal qu'on s'est donné
Lui qui n'aura rien fait pour mûrir tes années
Lui qui viendra voler ce dont j'ai le plus peur
Notre part de passé notre part de bonheur
Cet étranger sans nom sans visage oh combien
Je le hais, et pourtant s'il doit te rendre heureuse
Je n'aurai envers lui nulle pensée haineuse
Mais je lui offrirai mon coeur avec ta main
Je ferai tout cela en sachant que tu l'aime
Simplement car je t'aime le jour où il viendra
 

 

APRÈS L'AMOUR

Nous nous sommes aimés, nos joies se sont offertes
Et nos coeurs ont battu poussés par cet instinct
Qui unit les amants en se fichant du reste

Tu glisse tes doigts par ma chemise entrouverte
Et pose sur ma peau la paume de ta main
Et les yeux mi-clos nous restons sans dire un mot
Sans faire un geste

Après l'amour, quand nos corps se détendent
Après l'amour, quand nos souffles sont courts

Nous restons étendus
Toi et moi, presque nus
Heureux, sans rien dire
Éclairés d'un même sourire

Après l'amour, nous ne formons qu'un être
Après l'amour, quand nos membres sont lourds

Au sein des draps froissés
Nous restons enlacés
Après l'amour
Au creux du jour
Pour aimer

Au sein des draps froissés
Nous restons enlacés
Après l'amour
Au creux du jour
Pour rêver
 

 

AU CREUX DE MON ÉPAULE

Si je t'ai blessée
Si j'ai noirci ton passé
Viens pleurer au creux de mon épaule
Viens tout contre moi
Et si je fus maladroit
Je t'en prie: "Chérie pardonne-moi"

Laisse ta pudeur
Du plus profond de ton coeur
Viens pleurer au creux de mon épaule
Oublie si tu peux
Nos querelles d'amoureux
Et Chérie, nous pourrons être heureux

Oh mon amour
Ne m'enlève pas le souffle
De ma vie, ni mes joies
Pour ce qui ne fût qu'un instant de folie

Ne dis pas adieu
Nous serions trop malheureux
Viens pleurer au creux de mon épaule
Car si tu partais
Si mon bonheur se brisait
Mon amour c'est moi qui pleurerais

Ne dis pas adieu
Nous serions trop malheureux
Viens pleurer au creux de mon épaule
Car si tu partais
Si mon bonheur se brisait
Mon amour c'est moi qui pleurerais
 

 

AVEC

Avec ton sourire au coin de tes lèvres
Avec ton regard comme rempli de fièvre
Tu semble sortir des mains d'un orfèvre
Et je ne peux que t'aimer mon amour

Avec dans ton coeur des points vulnérables
Avec les fureurs dont tu es capable
Tu es tour à tour l'ange ou bien le diable
Qui vient troubler mes nuits et mes jours

Ceux qui disent des sottises
Et prédisent notre échec
Je les ignore et t'adore
Plus encore avec

Avec tes façon de fille à la page
Avec tes curieux écarts de langage
Le peu de printemps qui compte ton âge
Je voudrais bien te garder toujours

Avec dans ta tête un grain de folie
Avec dans ton corps le goût de la vie
J'ai trouvé en toi toute une harmonie
Et je ne peux que t'aimer mon amour

Avec ta pudeur mêlée d'indécence
Avec ta candeur frôlant l'inconscience
Ta maturité si près de l'enfance
Je voudrais bien te garder toujours

Avec tes chagrins
Tes éclats de voix
Ton rire enfantin
Ta manière à toi
De parler soudain
De n'importe quoi
Et qui vont si bien
Avec toi
 

 

BON ANNIVERSAIRE

J'ai mis mon complet neuf, mes souliers qui me serrent
Et je suis prêt déjà depuis pas mal de temps
Ce soir est important car c'est l'anniversaire
Du jour où le bonheur t'avait vêtue de blanc
Mais je te sens nerveuse, au bord de la colère
Alors je ne dis rien, mieux vaut être prudent
Si je disais un mot, ton fichu caractère
M'enverrait sur les roses et on perdrait du temps
Il est huit heures un quart et tu attends ta robe
Qu'on devrait te livrer ce matin au plus tard
Pour comble tes cheveux au peigne se dérobent
Tout semble se liguer pour qu'on soit en retard
Si tout va de ce train, la soirée au théâtre
Et l'auteur à la mode, on s'en fera un deuil
Adieu pièce d'Anouilh, d'Anouilh ou bien du Sartre
Je ne sais plus très bien, mais j'ai deux bons fauteuils

Bon anniversaire
Bon anniversaire

Ta robe est arrivée, enfin, et tu respires
Moi, pour gagner du temps, je t'aide de mon mieux
Tout semble s'arranger; mais soudain c'est le pire
La fermeture s'arrête et coince au beau milieu
On s'énerve tout deux, on pousse et puis l'on tire
On se mêle les doigts, on y met tant d'ardeur
Que dans un bruit affreux, le tissu se déchire
Et je vois tes espoirs se transformer en pleurs
Aux environs d'onze heures, enfin te voilà prête
Mais le temps d'arriver le théâtre est fermé
Viens, allez viens nous irons souper tout deux en tête-à-tête
Non, tu as le coeur gros tu préfère rentrer
Par les rues lentement nous marchons en silence
Tu souris, je t'embrasse, et tu souris encore
La soirée est gâchée, mais on a de la chance
Puisque nous nous aimons, l'amour est le plus fort

Bon anniversaire
Bon anniversaire
Bon anniversaire
 

 

COMME ILS DISENT

J'habite seul avec maman
Dans un très vieil appartement
Rue Sarasate
J'ai pour me tenir compagnie
Une tortue, deux canaris
Et une chatte

Pour laisser maman reposer
Très souvent je fais le marche
Et la cuisine
Je range, je lave, j'essuie
À l'occasion je pique aussi
À la machine

Le travail ne me fait pas peur
Je suis un peu décorateur
Un peu styliste
Mais mon vrai métier
C'est la nuit
Ou je l'exerce travesti
Je suis artiste

J'ai un numéro très spécial
Qui fini a nu intégral
Après strip-tease
Et dans la salle je vois que
Les malles ne croient pas leurs yeux
Je suis un homo - comme ils disent

Vers les trois heures du matin
On va manger entre copains
De tous les sexes
Dans un quelconque bar-tabac
Hélas, on s'en donne a coeur joie
Et sans complexes
On déballe des vérités
Sur des gens qu'on a dans le nez
On les lapide

Mais on le fait avec humour
Enrobe dans des calembours
Mouiller l'acide

On rencontre des attardes
Qui pour épater leur tablée
Marchent et ondulent
Singeant ce qu'ils croient être nous
Et se couvrent, les pauvres fous,
De ridicule

Ça gesticule et parle fort
Ça joue les divas, les ténors
De la bêtise
Moi, les lazzi, les quolibets
Me laissent froid, puisque c'est vrai
Je suis un homo - comme ils disent

À l'heure ou naît un jour nouveau
Je rentre retrouver mon lot
De solitude
J'ôte mes cils et mes cheveux
Comme un pauvre clown malheureux
De lassitude

Je me couche mais ne dors pas
Je pense a mes amours sans joie
Si dérisoires
À ce garçon beau comme un dieu
Qui sans rien faire a mis le feu
À ma mémoire

Ma bouche n'osera jamais
Lui avouer mon doux secret
Mon tendre drame
Car l'objet de tous mes tourments
Passe le plus clair de son temps
Au lits des femmes

Nul n'a le droit en vérité
De me blâmer, de me juger
Et je précise
Que c'est bien la nature qui
Et seule responsable si
Je suis un homo - comme ils disent
 

 

DÉSORMAIS - Отныне

Désormais
On ne nous verra plus ensemble
Désormais
Mon coeur vivra sous les décombres
De ce monde qui nous ressemble
Et que le temps a dévasté

Désormais
Ma voix ne dira plus je t'aime
Désormais
Moi qui voulais être ton ombre
Je serai l'ombre de moi-même
Ma main de ta main séparée

Jamais plus
Nous ne mordrons au même fruit
Ne dormirons au même lit
Ne referons les mêmes gestes
Jamais plus
Ne connaîtrons la même peur
De voir s'enfuir notre bonheur
Et du reste désormais

Désormais
Les gens nous verrons l'un sans l'autre
Désormais
Nous changerons nos habitudes
Et ces mots que je croyais nôtres
Tu les diras dans d'autres bras

Désormais
Je garderai ma porte close
Désormais
Enfermé dans ma solitude
Je traînerai parmi les choses
Qui parleront toujours de toi

Jamais plus
Nous ne mordrons au même fruit
Ne dormirons au même lit
Ne referons les mêmes gestes
Jamais plus
Ne connaîtrons la même peur
De voir s'enfuir notre bonheur
Et du reste désormais

On ne nous verra plus ensemble
On ne nous verra plus ensemble
On ne nous verra plus ensemble
 

Отныне
Нас больше не увидят вместе
Отныне
Мое сердце будет под обломками
Мира, который похож на нас
И который был со временем опустошен

Отныне
Мой голос больше не скажет: "Я тебя люблю"
Я - тот, кто хотел быть твоей тенью
Я буду тенью самого себя
И наши руки больше не соединены

Больше никогда
Мы не будем откусывать от одного фрукта
Не будем спать в одной пастели
Не будем делать одинаковые жесты
Больше никогда
Не испытаем одинаковый страх
Видя как исчезает наше счастье
И остальное отныне...

Отныне
Люди будут видеть нас порознь
Отныне
Мы изменим наши привычки
И эти слова, которые я думал были только наши
Ты скажешь кому-то другому

Отныне
Я буду держать мою дверь закрытой
Отныне
Запертый в одиночестве
Я повсюду буду среди вещей,
Которые всегда будут напоминать о тебе

Больше никогда
Мы не будем откусывать от одного фрукта
Не будем спать в одной пастели
Не будем делать одинаковые жесты
Больше никогда
Не испытаем одинаковый страх
Видя как исчезает наше счастье
И остальное отныне...

Нас больше не увидят вместе

 

DONNE TES SEIZE ANS

Viens donne tes seize ans
Au bonheur qui prends forme pour
Que ton corps d'enfants
Peu à peu se transforme
Viens n'hésite pas
Mets ta main dans ma main simplement
Et donne tes seize ans

Viens donne tes seize ans
Aux amours éternels
C'est le plus beau printemps
De la vie qui t'appelle
Viens au creux de moi
Mets ta joue sur ma joue tendrement
Et donne tes seize ans

Un jour
Lorsque la vie aura fané nos jours
Un jour
Nous penserons qu'il fut bien court
Le printemps des amours

Viens donne tes seize ans
À ta fureur de vivre
Le chemin des amants
Elle seule qu'il faut suivre
Viens donne ton coeur
Mon amour a l'amour qui attend
Pour prendre tes seize ans

Donne tes seize ans
Donne tes seize ans
Donne tes seize ans
Donne tes seize ans
 

 

EMMENEZ-MOI

Vers les docks où le poids et l'ennui
Me courbent le dos
Ils arrivent le ventre alourdi
De fruits les bateaux

Ils viennent du bout du monde
Apportant avec eux
Des idées vagabondes
Aux reflets de ciels bleus
De mirages

Traînant un parfum poivré
De pays inconnus
Et d'éternels étés
Où l'on vit presque nus
Sur les plages

Moi qui n'ai connu toute ma vie
Que le ciel du nord
J'aimerais débarbouiller ce gris
En virant de bord

Emmenez-moi au bout de la terre
Emmenez-moi au pays des merveilles
Il me semble que la misère
Serait moins pénible au soleil

Dans les bars à la tombée du jour
Avec les marins
Quand on parle de filles et d'amour
Un verre à la main

Je perds la notion des choses
Et soudain ma pensée
M'enlève et me dépose
Un merveilleux été
Sur la grève

Où je vois tendant les bras
L'amour qui comme un fou
Court au devant de moi
Et je me pends au cou
De mon rêve

Quand les bars ferment, que les marins
Regagnent leur bord
Moi je rêve encore jusqu'au matin
Debout sur le port

Emmenez-moi au bout de la terre
Emmenez-moi au pays des merveilles
Il me semble que la misère
Serait moins pénible au soleil

Un beau jour sur un rafiot craquant
De la coque au pont
Pour partir je travaillerais dans
La soute à charbon

Prenant la route qui mène
A mes rêves d'enfant
Sur des îles lointaines
Où rien n'est important
Que de vivre

Où les filles alanguies
Vous ravissent le coeur
En tressant m'a t'on dit
De ces colliers de fleurs
Qui enivrent

Je fuirais laissant là mon passé
Sans aucun remord
Sans bagage et le coeur libéré
En chantant très fort

Emmenez-moi au bout de la terre
Emmenez-moi au pays des merveilles
Il me semble que la misère
Serait moins pénible au soleil

Emmenez-moi au bout de la terre
Emmenez-moi au pays des merveilles
Il me semble que la misère
Serait moins pénible au soleil
 

 

ET POURTANT

Un beau matin je sais que je m'éveillerai
Différemment de tous les autres jours
Et mon coeur délivré enfin de notre amour
Et pourtant, et pourtant
Sans un remords, sans un regret je partirai
Droit devant moi sans espoir de retour
Loin des yeux loin du coeur j'oublierai pour toujours
Et ton corps et tes bras
Et ta voix
Mon amour

Et pourtant, pourtant, je n'aime que toi
Et pourtant, pourtant, je n'aime que toi
Et pourtant, pourtant, je n'aime que toi
Et pourtant

J'arracherai sans une larme, sans un cri
Les liens secrets qui déchirent ma peau
Me libérant de toi pour trouver le repos
Et pourtant, et pourtant
Je marcherai vers d'autres cieux, d'autres pays
En oubliant ta cruelle froideur
Les mains pleines d'amour j'offrirai au bonheur
Et les jour et les nuits
Et la vie
De mon coeur

Et pourtant, pourtant, je n'aime que toi
Et pourtant, pourtant, je n'aime que toi
Et pourtant, pourtant, je n'aime que toi
Et pourtant

Il faudra bien que je retrouve ma raison
Mon insouciance et mes élans de joie
Que je parte à jamais pour échapper à toi
Et pourtant, et pourtant
Dans d'autres bras quand j'oublierai jusqu'à ton nom
Quand je pourrai repenser l'avenir
Tu deviendras pour moi qu'un lointain souvenir
Quand mon mal et ma peur
Et mes pleurs
Vont finir

Et pourtant, pourtant, je n'aime que toi
Et pourtant, pourtant, je n'aime que toi
Pourtant, pourtant, je n'aime que toi
Pourtant, pourtant, je n'aime que toi
Et pourtant, pourtant, je n'aime que toi...
 

 

FOR ME FORMIDABLE

You are the one
For me for me for me
Formidable
You are my love
Very very very
Véritable

Et je voudrais pouvoir un jour
Enfin te le dire
Te l'écrire
Dans la langue de Shakespeare
My daisy daisy daisy
Désirable
Je suis malheureux
D'avoir si peu de mots à
T'offrir en cadeau
Darling I
Love you love you
Darling I want you
Et puis c'est à peu près tout

You are the one
For me for me for me
Formidable

You are the one
For me for me for me
Formidable
But how can you
See me see me see me
Si minable

Je ferais mieux d'aller choisir
Mon vocabulaire
Pour te plaire
Dans la langue de Molière
Toi
Tes eyes ton nose tes lips adorables
Tu n'as pas compris
Tant pis
Ne t'en fais pas
Et viens t'en dans mes bras
Darling I
Love you love you
Darling I want you
Et puis le reste on s'en fout

You are the one
For me for me for me
Formidable
Je me demande même pourquoi je t'aime
Toi qui te moques de moi et de tout
Avec ton air canaille canaille canaille
How can I love you
 

 

HIER ENCORE

Hier encore,
J'avais vingt ans
Je caressais le temps
Et jouais de la vie
Comme on joue de l'amour
Et je vivais la nuit
Sans compter sur mes jours
Qui fuyaient dans le temps
J'ai fait tant de projets qui sont restés en l'air,
J'ai fondé tant d'espoirs qui se sont envolés
Que je reste perdu ne sachant où aller
Les yeux cherchant le ciel
Mais le coeur mis en terre

Hier encore,
J'avais vingt ans
Je gaspillais le temps
En croyant l'arrêter
Et pour le retenir même le devancer
Je n'ai fait que courir et me suis essoufflé
Ignorant le passé
Conjuguant au futur
Je précédais de moi toute conversation
Et donnais mon avis que je voulais le bon
Pour critiquer le monde avec désinvolture

Hier encore,
J'avais vingt ans
Mais j'ai perdu mon temps
À faire des folies
Qui ne me laisse au fond rien de vraiment précis
Que quelques rides au front et la peur de l'ennui
Car mes amours sont mortes avant que d'exister
Mes amis sont partis et ne reviendront pas
Par ma faute j'ai fait le vide autour de moi
Et j'ai gâché ma vie et mes jeunes années
Du meilleur et du pire
En jetant le meilleur
J'ai figé mes sourires et j'ai glacé mes pleurs
Où sont-ils à présent,
À présent,
Mes vingt ans?
 

 

IL FAUT SAVOIR

Il faut savoir encore sourire
Quand le meilleur s'est retiré,
Et qu'il ne reste que le pire
Dans une vie bête à pleurer.

Il faut savoir, coûte que coûte,
Garder toute sa dignité
Et malgré ce qu'il nous en coûte;
S'en aller sans se retourner.

Face aux destins qui nous desarment
Et devant le bonheur perdu,
Il faut savoir cacher ses larmes,
Mais moi, mon coeur, je n'ai pas su!

Il faut savoir quitter la table
Lorsque l'amour est desservi
Sans s'accrocher l'air pitoyable
Et partir sans faire de bruit.

Il faut savoir cacher sa peine
Sous le masque de tous les jours,
Et retenir les cris de haine
Qui sont les derniers mots d'amour.

Il faut savoir rester de glace
Et taire un coeur qui meurt déjà,
Il faut savoir garder la face,
Mais moi, je t'aime trop,
Mais moi, je ne peux pas!
Il faut savoir, mais moi, je ne sais pas!
 

 

IL TE SUFFISAIT QUE JE T'AIME

Nous avions vingt ans toi et moi
Quand on a sous le même toit
Combattu la misère ensemble
Nous étions encore presqu'enfants
Et l'on disait en nous voyant
Regardez comme ils se ressemblent

Nous avons la main dans la main
Surmonté les coups du destin
Et résolu bien des problèmes
Le ventre vide en privation
Tu te nourrissais d'illusions
Il te suffisait que je t'aime

Nous avons lutté tant d'années
Que la fortune s'est donnée
Mais l'âge a pris ton insouciance
Tu te traînes comme un fardeau
Et ne ris plus à tout propos
Et pleures ton adolescence

Et passes du matin au soir
Des heures devant ton miroir
Essayant des fards et des crèmes
Et moi, je regrette parfois
Le temps où pour forger tes joies
Il te suffisait que je t'aime

Si je le pouvais mon amour
Pour toi j'arrêterais le cours
Des heures qui vont et s'éteignent
Mais je ne peux rien y changer
Car je suis comme toi logé
Tu le sais à la même enseigne

Ne cultive pas les regrets
Car on ne récolte jamais
Que les sentiments que l'on sème
Fais comme au temps des années d'or
Et souviens-toi qu'hier encore
Il te suffisait que je t'aime

Pour moi rien n'a vraiment changé
Je n'ai pas cessé de t'aimer
Car tu as toujours tout le charme
Que tu avais ce jour béni
Où devant Dieu tu as dit: "oui"
Avec des yeux baignés de larmes

Le printemps passe, et puis l'été
Mais l'automne a des joies cachées
Qu'il te faut découvrir toi-même
Oublie la cruauté du temps
Et rappelle-toi qu'à vingt ans
Il te suffisait que je t'aime
 

 

JE ME VOYAIS DÉJÀ

A dix huit ans j'ai quitte ma province
Bien décide a empoigne la vie
Le coeur léger et le bagage mince
J'étais certain de conquérir Paris

Chez le tailleur le plus chic j'ai fait faire
Ce complet bleu qu'était du dernier cri
Les photos, les chansons et les orchestrations
Ont eu raison de mes économies

Je me voyais déjà en haut de l'affiche
En dix fois plus gros que n'importe qui mon nom s'étalait
Je me voyais déjà adule et riche
Signant mes photos aux admirateurs qui se bousculaient
J'étais le plus grand des grands fantaisistes
Faisant un succès si grand que les gens m'acclamaient debout
Je me voyais déjà cherchant dans ma liste
Celle qui le soir pourrait par faveur se pendre a mon cou

Mes traits ont vieilli sous mon maquillage
Mais la voix est la, le geste est précis et j'ai du ressort
Mon coeur s'est aigri un peu, en prenant de l'âge
Mais j'ai des idées, je connais mon métier et j'y crois encore

Rien que sous mes pieds, de sentir la scène
De voir devant moi un public assis, j'ai le coeur battant
On m'a pas aide, je n'ai pas eu de veine
Mais au fond de moi, je suis sur au moins que j'ai du talent

Mon complet bleu, il y a trente ans que je le porte
Et mes chansons ne font rire que moi
Je cours le cachet, je fais du porte a porte
Pour subsister, je fais n'importe quoi

Je n'ai connu que des succès faciles
Des trains de nuit et des filles a soldats
Les minables cachets, les valises a porter
Les petits meubles et les maigres repas

Je me voyais déjà en photographie
Au bras d'une star, l'hiver dans la neige, l'été au soleil
Je me voyais déjà racontant ma vie
L'air desabuse a des débutants friands de conseils
J'ouvrais calmement les soirs de première
Mille télégrammes de ce tout paris qui nous fait si peur
Et mourant de trac devant ce parterre
Entrer sur la scène sous les ovations et les projecteurs

J'ai tout essaye pourtant pour sortir du nombre
J'ai chante l'amour, j'ai fait du comique et de la fantaisie
Si tout a rate pour moi, si je suis dans l'ombre
Ce n'est pas de ma faute, mais celle du public qui n'a rien compris

On ne m'a jamais accorde ma chance
D'autres ont réussi avec peu de voix et beaucoup d'argent
Moi j'étais trop pur ou trop en avance
Mais un jour viendra je leur montrerai que j'ai du talent!
 

 

J'EN DÉDUIS QUE TE T'AIME

Par la peur de te perdre et de ne plus te voir
Par ce monde insensé qui grouille dans ma tête
Par ces nuits sans sommeil où la folie me guette
Quand le doute m'effleure et tend mon coeur de noir
J'en déduis que je t'aime
J'en déduis que je t'aime

Par le temps que je prends pour ne penser qu'à toi
Par mes rêves de jour où tu règnes en idole
Par ton corps désiré de mon corps qui s'affole
Et l'angoisse à l'idée que tu te joues de moi
J'en déduis que je t'aime
J'en déduis que je t'aime

Par le froid qui m'étreint lorsque je t'aperçois
Par mon souffle coupé et mon sang qui se glace
Par la désolation qui réduit mon espace
Et le mal que souvent tu me fais malgré toi

Par la contradiction de ma tête et mon coeur
Par mes vingt ans perdus qu'en toi je réalise
Par tes regards lointains qui parfois me suffisent
Et me font espérer en quelques jours meilleurs
J'en déduis que je t'aime
J'en déduis que je t'aime

Par l'idée que la fin pourrait être un début
Par mes joies éventrées par ton indifférence
Par tous les mots d'amour qui restent en souffrance
Puisque de te les dire est pour moi défendu
J'en déduis que je t'aime
J'en déduis mon amour.
 

 

JEZEBEL

Ce démon qui brûlait mon coeur
Cet ange qui séchait mes pleurs
C'était toi, Jezebel, c'était toi.
Ces larmes transpercées de joie
Jezebel, c'était toi... Jezebel, c'était toi...

Mais l'amour est anéanti
Tout s'est écroulé sur ma vie
Écrasant, piétinant, emportant mon coeur
Jezebel... Mais pour toi
Je ferais le tour de la terre
J'irais jusqu'au fond des enfers
Où es-tu? Jezebel, où es-tu?

Les souvenirs que l'on croit fanés
Sont des êtres vivants
Avec des yeux de morts vibrant encore de passé
Et mon coeur est perdu d'obsession
Il bat en répétant
Tout au fond de moi-même
Ce mot que j'aime
Ton nom...

Mais l'amour est anéanti
Tout s'est écroulé sur ma vie
Écrasant, piétinant, emportant mon coeur
Jezebel... Mais pour toi
Je ferais le tour de la terre
J'irais jusqu'au fond des enfers
En criant jour et nuit
Sans répit
Jezebel...
Jezebel...
Jezebel...
 

 

LA BOHÈME

Je vous parle d'un temps
Que les moins de vingt ans
Ne peuvent pas connaître
Montmartre en ce temps-là
Accrochait ces lilas
Jusque sous nos fenêtres
Et si l'humble garni
Qui nous servait de nid
Ne payait pas de mine
C'est là qu'on s'est connu
Moi qui criait famine
Et toi qui posait nue

La bohème, la bohème
Ça voulait dire on est heureux
La bohème, la bohème
Nous ne mangions qu'un jour sur deux

Dans les cafés voisins
Nous étions quelques uns
Qui attendions la gloire
Et bien que miséreux
Avec le ventre creux
Nous ne cessions d'y croire
Et quand quelque bistro
Contre un bon repas chaud
Nous prenait une toile
Nous récitions des vers
Groupés autour du poêle
En oubliant l'hiver

La bohème, la bohème
Ça voulait dire tu es jolie
La bohème, la bohème
Et nous avions tous du génie

Souvent il m'arrivait
Devant mon chevalet
De passer des nuits blanches
Retouchant le dessin
De la ligne d'un sein
Du galbe d'une hanche
Et ce n'est qu'au matin
Qu'on s'assayait enfin
Devant un café-crême
Épuisés mais ravis
Fallait-il que l'on s'aime
Et qu'on aime la vie

La bohème, la bohème
Ça voulait dire on a vingt ans
La bohème, la bohème
Et nous vivions de l'air du temps

Quand au hasard des jours
Je m'en vais faire un tour
A mon ancienne adresse
Je ne reconnais plus
Ni les murs, ni les rues
Qui ont vu ma jeunesse
En haut d'un escalier
Je cherche l'atelier
Dont plus rien ne subsiste
Dans son nouveau décor
Montmartre semble triste
Et les lilas sont morts

La bohème, la bohème
On était jeunes, on était fous
La bohème, la bohème
Ça ne veut plus rien dire du tout
 

 

LA MAMMA

Ils sont venus
Ils sont tous là
Dès qu'ils ont entendu ce cri
Elle va mourir, la mamma
Ils sont venus
Ils sont tous là
Même ceux du sud de l'Italie
Y a même Georgio, le fils maudit
Avec des présents plein les bras
Tous les enfants jouent en silence
Autour du lit ou sur le carreau
Et leurs jeux n'ont pas d'importance
C'est un peu leurs derniers cadeaux
A la Mamma

On la réchauffe des baisers
On lui remonte ses oreillers
Elle va mourir, la Mamma
Sainte Marie pleine de grâce
Dont la statue est sur la place
Bien sûr vous lui tendez les bras
En lui chantant
Ave Maria Ave Maria

Y a tant d'amour, de souvenirs
Autour de toi, toi la Mamma
C'est tant de larmes et de sourires
A travers toi, toi la Mamma

Et tous les hommes ont eu si chaud
Sur les chemins de grand soleil
Elle va mourir, la Mamma
Qu'ils boivent frais le vin nouveau
Le bon vin de la bonne treille
Tandis que s'entrassent pêle-mêle
Sur les bancs, foulards et chapeaux
C'est drôle on ne se sent pas triste
Près du grand lit et de l'affection
Y a même un oncle guitariste
Qui joue en faisant attention
A la mamma

Et les femmes se souvenant
Des chansons tristes des veillées
Elle va mourir, la Mamma
Tout doucement, les yeux fermés
Chantent comme on berce un enfant
Après une bonne journée
Pour qu'il sourie en s'endormant
Ave Maria
Y a tant d'amour, de souvenirs
Autour de toi, toi la Mamma
Y a tant de larmes et de sourires
A travers toi, toi la Mamma
Que jamais, jamais, jamais
Tu nous quitteras
 

 

L'AMOUR C'EST COMME UN JOUR

Le soleil brille à plein feu
Mais je ne vois que tes yeux
La blancheur de ton corps nu
Devant mes mains éperdues
Viens, ne laisse pas s'enfuir
Les matins brodés d'amour
Viens, ne laisse pas mourir
Les printemps de nos plaisirs d'amour

C'est comme un jour
Ça s'en va, ça s'en va l'amour
C'est comme un jour
De soleil en ripaille
Et de lune en chamaille
Et de pluie en bataille l'amour
C'est comme un jour
Ça s'en va, ça s'en va l'amour
C'est comme un jour d'un infini sourire
D'une infinie tendresse
D'une infinie caresse l'amour
C'est comme un jour
Ça s'en va mon amour

Notre été s'en est allé
Et tes yeux m'ont oublié
Te souviens-tu de ces jours
Où nos coeurs parlaient d'amour
Nous n'avons pu retenir
Que des lambeaux de bonheur
S'il n'y a plus d'avenir
Il nous reste un souvenir d'amour

C'est comme un jour
Ça s'en va, ça s'en va l'amour
C'est comme un jour
De soleil en ripaille
Et de lune en chamaille
Et de pluie en bataille l'amour
C'est comme un jour
Ça s'en va, ça s'en va l'amour
C'est comme un jour
D'un infini sourire
D'une infinie tendresse
D'une infinie caresse
L'amour c'est comme un jour
Ça s'en va mon amour

 

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